Éditorial: Drame familial

Amélie n’était pas du tout ce qu’on peut appeler un garçon manqué. Alors là, pas du tout ! François, son « papou » chéri, avait même essayé de l’intéresser à la mécanique, libération de la femme oblige, après tout, des connaissances dans ce domaine peuvent bien inopinément se révéler utiles. Insuccès total. Les engrenages qui tournent à des vitesses angulaires différentes, les étincelles qui mettent le feu à point nommé, le jeu important de l’huile dans les frottements, tout cela était resté étranger à la pauvre Amélie qui était retournée « illico presto » dans les bras de sa poupée chérie, dès qu’elle avait pu abandonner son « papou » à ses petits bouts de fer sans lui faire trop de peine. Quand, le dimanche, la famille, c'est-à-dire François, Eléonore et Amélie, s’avançaient dans la campagne sauvage et le maquis impénétrable, personne plus qu’Amélie ne gambadait sur les sentiers à moitié étranglés par la végétation. Mais surtout, surtout, Amélie collectionnait quantité de fleurettes de toutes tailles dont la variété évoluait selon les saisons. Mais grimper aux arbres, comme aurait aimé lui apprendre François au grand dam d’Eléonore, ne la tentait vraiment pas. Serait-ce de l’inné, serait-ce de l’acquis, allez donc savoir, de toute manière nous n’irons pas plonger dans son ADN ni pénétrer, divan ou pas, de force dans sa psychologie profonde. Le moindre des respects de la nature poétique nous l’interdirait.